Texto do humorista quebecois Stéphane Laporte, publicado no jornal La Presse em 21/11/1999
(Recebi através da lista RecifeQuebec do yahoogroups. E-mail enviado por Nara Falcão)
Vous venez de France, d'Haiti, du Zaire, du Vietnam ou de n'importe quel
pays normal. Vous avez immigré au Québec durant l'été. Vous trouvez ça beau.
Vous avez adoré le chaud soleil du mois de juillet. Et les couleurs féériques de
l'automne. Jeudi dernier, quand vous avez vu la premiére neige tomber, vous avez
été charmé. Une vraie carte postale !!! Pauvres nouveaux Québécois !!
Il faut à tout prix, vous prévenir. Il faut que vous sachiez. L'hiver,ce n'est
pas une chanson de Gilles Vigneault. L'hiver, c'est une chanson de Black Sabbath
! La petite neige de jeudi dernier, ce n'était pas l'hiver. C'était la fin de
l'été. L'hiver, c'est autre chose. Vous n'avez encore rien vu. Et si vous n'êtes
pas préparé psychologiquement à faire face à la musique, vous allez disjoncter.
Vous allez retourner chez vous! Et comme on vous aime, et qu'on veut vous
garder, laissez-moi vous apprendre quelle sera votre dure réalité.
Un matin de la semaine prochaine ou de la suivante, vous allez vous lever,
innocent. Vous allez sortir et paf ! Ça va vous frapper ! Dans les gosses! Le
froid ! Il va faire moins dix dehors. Avec le facteur vent, moins trente. Votre
corps va se demander ce qui se passe. Vous allez regarder autour de vous. Vous
allez tenter de trouver des gens pour vous expliquer cette horreur. Mais vous
n'allez voir personne. Vous n'allez voir que des manteaux passer. Bien sûr, il y
a des gens dedans. Mais vous ne les verrez pas. Tellement ils sont emmitouflés.
Vous, nu-tête, avec votre petit imperméable,vous allez vraiment avoir l'air d'un
touriste. Parce que le Québéqois de souche sait qu'il n'y a qu'une façon de
survivre à l'hiver, c'est de porter plusieurs couches.
Avant de sortir de chez lui , le Québécois de souche met une camisole, une
chemise, un chandail,un veston, des caleçons longs,des pantalons,des couliers
des bottes, un maneau en doudoune, un foulard,des mitaines etune tuque. Ça lui
prend une heur pour s'habiller,mais quand il sort, il est prêt. Le néo-Québécois
tarde parfois à adopter cette pratique.Mais habituellement, aprés sa troisiéme
pneumonie, il se décide à aller acheter son Kanuk. Et il troque le béret pour la
tuque.
Transi de froid ,vous allez embarque dans votre Peugeot. Vous allez essayer de
la faire démarrer. Elle ne démarrera pas. Elle est gelée, votre Peugeot. Vous
allez devoir apprendre à pratiquer le sport national du Québécois: réchauffer
son char. Le Québécois passe l'hiver à réchoffer son char. Avant se coucher, le
Québécois démarre son moteur pour être certain que son auto ne sera pas gelée,
au matin. Puis, il se léve durant la nuit pour répéter la manoevre. Et le matin,
il se léve deux heures plus tôt. Une heure pour s'habiller. Une heure pour
réchauffer son char. Le Québéqois ne dort pas de l'hiver.
Après avoir appelé le CAA pour booster votre Peugeot, vous allez finalement
arriver au bureau. Bleu et ahuri. Vous allez dire à vos confrères de travail: Et
c'est alors que vos confréres vont vous répondre: Ça, c'est rien.Attends en
janvier! Et vous allez devenir blanc. Même si vous venez d'Haiti.
Puis, de la fenêtre de votre bureau,vous allez voir la neige tomber. Pas une
petit naige folle, comme jeudi dernier. Non. Une vraie chute de neige. Avec des
gros flocons, format Club Price. Vous allez trouver ça magique. Enchanter.
Attendez de sortir dehors! Vous allez tomber sur le derrière. Parce que vous ne
saviez pas que c'était si glissant que ça. Et si vous ne vous êtes pas cassé une
jambe, vous allez essayer de retrouver votre Peugeot. Ensevelie sous un tas de
neige de dix pieds. Vous allez devoir, pour la première fois de votre vie,
déneiger votre automobile. Avec vos pieds. Vous n'aviez pas prévu vous acheter
une pelle. Une pelle, dans votre pays, ça sert seulement pour enterrer les gens.
Ici, ça sert à tous les jours, pour nous déterrer du banc de neige. Et vous
allez voir que la neige, ça samble tout léger quand ça tombe , mais ça pèse une
tonne rendu au sol. Vous allez vous faire votre première hernie discable. Puis,
si par miracle, votre Peugeot accepte de
démarrer, vous allez prendre le chemin de votre maison.vous n'êtes pas rendu !
En hiver, quande il neige, conduire c'est du sport. Tout le monde se rentre
dedans. Même les Québécois de souche ne se sont jamais habitués à conduire
l'hiver. Ils conduisent tout croche. Comme vous. Vous allez sûrement fentrer
dans le cul de quelqu'un. N'en soyez pas gêné. C'est normal. Dans quelques
secondes, quelqu'un va rentrer dans le vôtre. C'est ainsi. La conduit en hiver,
c'est une patouze.
Au bout de trois heures de pare-choc à pare-choc, vous allez finalement
arriver chez vous. Dans la chaleur de votre foyer.Après avoir remis vos esprits
en place, vous allez avoir le doût de manger au restaurant et d'aller voir un
bon film. Cependent, vous avez eu votre leçon. Vous savez quoi faire. Vous
mettez un gros chandail de laine. En dessous du manteau d'hiver que vous avez
acheté ce midi. Et vous sortez de chez vous. Vous n'aurez pas le temps de fair
deux pas. Vous allez paralyser. Vous allez devenir un gros glaçon .Un iceberg.
Car,voyez-vous le soir en hiver on ne sort pas au Québec. À moins 40, même les
phoques restent dans leur bungalow. Tous les Québécois de souche savent ça. Les
soirs d'hiver, il n'y a qu'une chose à faire: regarder la télé. Si vous ne
souffrez pas d'hypothermie instantanée, vous allez réussir à faire demi-tour. Et
à rentrer chez vous. Pour de bon.
Vous allez vous coucher. En vous disant que c'est sûrement exceptionnel.Que
demain ça ira mieux. C'est pas exceptionnel du tout. Ça va être ainsi , à tous
les jours, jusqu'au mois d'avril. Cent vingt jours d'enfer froid. Vous êtes
prévenu. Un homme averti en vaut deux niaiseux. Il faut, quand même,que je sois
honnête avec vous, chers amis immigrants, l'hiver québécois n'est pas exactement
comme je le décris dans cette chronique. Il est bien pir ! Bon hiver, quand
même! Prenez soin de notre pays. Nous on s'en va en Floride!
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Vous venez de France, d'Haiti, du Zaire, du Vietnam ou de n'importe quel
pays normal. Vous avez immigré au Québec durant l'été. Vous trouvez ça beau.
Vous avez adoré le chaud soleil du mois de juillet. Et les couleurs féériques de
l'automne. Jeudi dernier, quand vous avez vu la premiére neige tomber, vous avez
été charmé. Une vraie carte postale !!! Pauvres nouveaux Québécois !!
Il faut à tout prix, vous prévenir. Il faut que vous sachiez. L'hiver,ce n'est
pas une chanson de Gilles Vigneault. L'hiver, c'est une chanson de Black Sabbath
! La petite neige de jeudi dernier, ce n'était pas l'hiver. C'était la fin de
l'été. L'hiver, c'est autre chose. Vous n'avez encore rien vu. Et si vous n'êtes
pas préparé psychologiquement à faire face à la musique, vous allez disjoncter.
Vous allez retourner chez vous! Et comme on vous aime, et qu'on veut vous
garder, laissez-moi vous apprendre quelle sera votre dure réalité.
Un matin de la semaine prochaine ou de la suivante, vous allez vous lever,
innocent. Vous allez sortir et paf ! Ça va vous frapper ! Dans les gosses! Le
froid ! Il va faire moins dix dehors. Avec le facteur vent, moins trente. Votre
corps va se demander ce qui se passe. Vous allez regarder autour de vous. Vous
allez tenter de trouver des gens pour vous expliquer cette horreur. Mais vous
n'allez voir personne. Vous n'allez voir que des manteaux passer. Bien sûr, il y
a des gens dedans. Mais vous ne les verrez pas. Tellement ils sont emmitouflés.
Vous, nu-tête, avec votre petit imperméable,vous allez vraiment avoir l'air d'un
touriste. Parce que le Québéqois de souche sait qu'il n'y a qu'une façon de
survivre à l'hiver, c'est de porter plusieurs couches.
Avant de sortir de chez lui , le Québécois de souche met une camisole, une
chemise, un chandail,un veston, des caleçons longs,des pantalons,des couliers
des bottes, un maneau en doudoune, un foulard,des mitaines etune tuque. Ça lui
prend une heur pour s'habiller,mais quand il sort, il est prêt. Le néo-Québécois
tarde parfois à adopter cette pratique.Mais habituellement, aprés sa troisiéme
pneumonie, il se décide à aller acheter son Kanuk. Et il troque le béret pour la
tuque.
Transi de froid ,vous allez embarque dans votre Peugeot. Vous allez essayer de
la faire démarrer. Elle ne démarrera pas. Elle est gelée, votre Peugeot. Vous
allez devoir apprendre à pratiquer le sport national du Québécois: réchauffer
son char. Le Québécois passe l'hiver à réchoffer son char. Avant se coucher, le
Québécois démarre son moteur pour être certain que son auto ne sera pas gelée,
au matin. Puis, il se léve durant la nuit pour répéter la manoevre. Et le matin,
il se léve deux heures plus tôt. Une heure pour s'habiller. Une heure pour
réchauffer son char. Le Québéqois ne dort pas de l'hiver.
Après avoir appelé le CAA pour booster votre Peugeot, vous allez finalement
arriver au bureau. Bleu et ahuri. Vous allez dire à vos confrères de travail: Et
c'est alors que vos confréres vont vous répondre: Ça, c'est rien.Attends en
janvier! Et vous allez devenir blanc. Même si vous venez d'Haiti.
Puis, de la fenêtre de votre bureau,vous allez voir la neige tomber. Pas une
petit naige folle, comme jeudi dernier. Non. Une vraie chute de neige. Avec des
gros flocons, format Club Price. Vous allez trouver ça magique. Enchanter.
Attendez de sortir dehors! Vous allez tomber sur le derrière. Parce que vous ne
saviez pas que c'était si glissant que ça. Et si vous ne vous êtes pas cassé une
jambe, vous allez essayer de retrouver votre Peugeot. Ensevelie sous un tas de
neige de dix pieds. Vous allez devoir, pour la première fois de votre vie,
déneiger votre automobile. Avec vos pieds. Vous n'aviez pas prévu vous acheter
une pelle. Une pelle, dans votre pays, ça sert seulement pour enterrer les gens.
Ici, ça sert à tous les jours, pour nous déterrer du banc de neige. Et vous
allez voir que la neige, ça samble tout léger quand ça tombe , mais ça pèse une
tonne rendu au sol. Vous allez vous faire votre première hernie discable. Puis,
si par miracle, votre Peugeot accepte de
démarrer, vous allez prendre le chemin de votre maison.vous n'êtes pas rendu !
En hiver, quande il neige, conduire c'est du sport. Tout le monde se rentre
dedans. Même les Québécois de souche ne se sont jamais habitués à conduire
l'hiver. Ils conduisent tout croche. Comme vous. Vous allez sûrement fentrer
dans le cul de quelqu'un. N'en soyez pas gêné. C'est normal. Dans quelques
secondes, quelqu'un va rentrer dans le vôtre. C'est ainsi. La conduit en hiver,
c'est une patouze.
Au bout de trois heures de pare-choc à pare-choc, vous allez finalement
arriver chez vous. Dans la chaleur de votre foyer.Après avoir remis vos esprits
en place, vous allez avoir le doût de manger au restaurant et d'aller voir un
bon film. Cependent, vous avez eu votre leçon. Vous savez quoi faire. Vous
mettez un gros chandail de laine. En dessous du manteau d'hiver que vous avez
acheté ce midi. Et vous sortez de chez vous. Vous n'aurez pas le temps de fair
deux pas. Vous allez paralyser. Vous allez devenir un gros glaçon .Un iceberg.
Car,voyez-vous le soir en hiver on ne sort pas au Québec. À moins 40, même les
phoques restent dans leur bungalow. Tous les Québécois de souche savent ça. Les
soirs d'hiver, il n'y a qu'une chose à faire: regarder la télé. Si vous ne
souffrez pas d'hypothermie instantanée, vous allez réussir à faire demi-tour. Et
à rentrer chez vous. Pour de bon.
Vous allez vous coucher. En vous disant que c'est sûrement exceptionnel.Que
demain ça ira mieux. C'est pas exceptionnel du tout. Ça va être ainsi , à tous
les jours, jusqu'au mois d'avril. Cent vingt jours d'enfer froid. Vous êtes
prévenu. Un homme averti en vaut deux niaiseux. Il faut, quand même,que je sois
honnête avec vous, chers amis immigrants, l'hiver québécois n'est pas exactement
comme je le décris dans cette chronique. Il est bien pir ! Bon hiver, quand
même! Prenez soin de notre pays. Nous on s'en va en Floride!